Recrutement réussi dans deux communautés du Nord de l’Ontario

Sault Ste. Marie et Sioux Lookout sont des lieux de travail fantastiques, et le message se répand

Au départ, la Dre Mara Boyle ne pensait pas que sa carrière la mènerait à la médecine familiale, ni à Sioux Lookout. Les plans ont changé lorsque sa troisième année du programme de médecine de l’Université de l’EMNO l’a amenée dans cette petite ville, située à quatre heures au nord de Thunder Bay, sa ville natale.

 

« Je ne voulais pas vraiment devenir médecin de famille lorsque je suis arrivée à Sioux Lookout en troisième année. Je pensais devenir spécialiste. L’un des aspects du travail à Sioux Lookout est que l’on y pratique un large éventail de la médecine familiale. Il m’a été difficile de penser à me spécialiser après mon externat communautaire polyvalent. C’est un élément déterminant de ma carrière, la raison pour laquelle j’ai choisi la médecine familiale et suis retournée à Sioux Lookout, d’abord pour la résidence, puis pour exercer. »

 

La Dre Boyle n’est pas la seule. Sur les 11 médecins contractuels à la Hugh Allen Clinic de Sioux Lookout, sept sont d’anciens résidents. Six, soit plus de la moitié des médecins de la clinique, ont effectué une résidence à l’Université de l’EMNO dans cette ville.

De l’avis de Linda McNaughton, directrice de la clinique Hugh Allen, la résidence est la plus grande réussite en matière de recrutement de médecins locaux et elle souligne les expériences positives qu’ils vivent souvent :

 

« Je pense que notre succès peut être attribué à la variété des rôles et à la latitude possible concernant les horaires et l’exercice préféré de la médecine. Le personnel de soutien à long terme expérimenté et des mentors chevronnés ayant plus de 30 ans d’expérience apportent un très bon soutien au travail à la clinique. Il est très enrichissant de pouvoir aller dans le couloir pour obtenir des conseils et partager des expériences. »

 

« L’une des particularités de Sioux Lookout, et cela se voit tout de suite, est que les médecins forment vraiment une communauté. Tout le monde s’entraide. L’environnement collégial très prononcé était un attrait énorme, et cela a fait une grande différence dans ma transition entre la résidence et l’exercice. Si j’avais besoin d’aide au milieu de la nuit, je savais qu’il y avait toujours quelqu’un pour décrocher le téléphone » précise Mme McNaughton.

Ce fort sentiment d’appartenance à une communauté s’étend au-delà du travail. La vie personnelle et la vie professionnelle de la Dre Boyle ont fusionné : les médecins se réunissent régulièrement et leurs enfants sont devenus des amis. « C’est une communauté de médecins très dynamique », dit-elle.

 

À l’instar de la Dre Boyle, la Dre Allison Webb, de Sault Ste. Marie, est une médecin de famille qui pratique aussi l’obstétrique. Elle aussi est diplômée de l’Université de l’EMNO et a effectué son externat communautaire polyvalent et sa résidence dans la ville où elle vit maintenant.

 

« Au cours de mon externat communautaire polyvalent, ma première impression a été que, sur le plan professionnel, Sault Ste. Marie était un lieu de travail très favorable. Les étudiantes et étudiants étaient traités comme de vraies personnes, notre temps était respecté et tout le monde appréciait que nous soyons là pour apprendre. Le personnel était heureux et tous ceux à qui j’ai parlé aimaient travailler ici. Cela semblait être un bon endroit pour exercer, avec beaucoup de soutien collégial. J’ai eu une expérience très positive. »

 

Bien que la Dre Webb ait rencontré son mari à Sault Ste. Marie, il n’était pas sûr qu’ils y resteraient. Elle dit avoir choisi Sault Ste. Marie pour sa résidence et sa carrière parce qu’elle se sentait soutenue pour travailler, apprendre et s’épanouir, et parce que la ville avait beaucoup à offrir.

 

Selon Carrie Stewart, directrice du recrutement et du maintien en poste des médecins à l’Hôpital de Sault Ste. Marie, la vie personnelle et la vie professionnelle sont deux facteurs importants dans le choix du lieu de résidence et de travail des médecins. Un comité de recrutement et de maintien en poste fait le travail local de recrutement qui repose sur un accord tripartite financé par la Ville de Sault Ste. Marie, l’Hôpital de Sault Ste. Marie et le Group Health Centre.

« Les mesures prises par la ville, comme le développement du centre-ville, les événements, la musique et les restaurants, l’expansion des pistes de vélo de montagne, contribuent à attirer des médecins. Notre effort coordonné à l’échelle de la ville permet de mettre en valeur l’ensemble de notre communauté, les différentes options d’exercice et de montrer que notre communauté est solidaire et accueillante », explique Mme Stewart.

 

Le travail de Mme Stewart consiste à maintenir les liens avec les résidents qui terminent leurs études de médecine à Sault Ste. Marie et à attirer des médecins de tout l’Ontario, du pays et même de l’étranger. Les visites des médecins potentiels sont personnalisées en fonction des besoins professionnels et communautaires. Elles portent souvent sur les possibilités d’emploi du conjoint, les écoles, les garderies, les activités récréatives et les intérêts personnels de toute la famille.

 

« Si je devais dire qu’il y a une recette secrète pour le recrutement, ce serait une communication ouverte et honnête avec les médecins, dit-elle. C’est un long processus d’établissement de liens pour s’assurer que toute la famille est soutenue. Cela ne se fait pas du jour au lendemain. »

 

Certains des plus grands succès de la communauté découlent d’un stage effectué très tôt dans les études de médecine, des années avant la résidence ou l’exercice : le Programme d’emploi d’été pour étudiants de l’Université de l’EMNO. Ce programme, qui constitue souvent la première expérience clinique, vise la population étudiante en première et deuxième année de médecine et celle d’une grande variété de domaines médicaux, notamment soins infirmiers, réadaptation, radiologie médicale, technique de laboratoire, diététique, sages-femmes et inhalothérapie. Pour la population étudiante en médecine à Sault Ste. Marie, l’objectif est d’offrir un apprentissage diversifié, y compris une exposition clinique à l’hôpital et des stages dans la communauté, tels que des accompagnements en salle d’urgence et en ambulance.

Sioux Lookout by the numbers

42 médecins contractuels (trois chirurgiens, un spécialiste des maladies infectieuses, les autres en médecine familiale)

30 de ces médecins ont suivi une formation après la création de l’Université de l’EMNO en 2005.

De ces 30 médecins, 77 pour cent ont effectué au moins une partie de leur formation par l’entremise de l’Université de l’EMNO (y compris, études de médecine, résidence, année PGY3, stages au choix).

Des 23 médecins qui résident à Sioux Lookout, 82 pour ont effectué au moins une partie de leur formation par l’entremise de l’Université de l’EMNO.

Et cela fonctionne. Selon Mme Stewart, les stagiaires de l’été reviennent souvent pour des stages médicaux. Au cours des 20 dernières années, 202 médecins ont été recrutés dans la communauté. Fait impressionnant, 23 pour cent ont suivi le Programme d’emploi d’été pour étudiants de l’Université de l’EMNO

 

Une foule d’autres options, notamment les externats, les stages au choix, la résidence et les stages de base, permettent également aux étudiantes et étudiants en médecine de s’installer dans la communauté. Selon Mme Stewart, ces options sont essentielles au recrutement. Plus de la moitié des 202 médecins recrutés ont suivi une formation à Sault Ste. Marie dans le cadre d’un stage en médecine.

 

Malgré ces succès, le recrutement et le maintien en poste des médecins restent un défi dans le Nord de l’Ontario.

 

« Le recrutement est aujourd’hui si difficile qu’il faut mettre la main à la pâte » explique Mme McNaughton. Elle souligne que, bien que les Sioux Lookout Regional Physicians Services Inc. soient le chef de file régional en matière de recrutement, la Hugh Allen Clinic effectue une grande partie de son propre recrutement.

 

La Dre Boyle reconnaît que le recrutement est difficile et affirme que ce sont principalement les médecins locaux qui l’ont recrutée à Sioux Lookout : « Les médecins finissent par jouer un rôle de recruteurs et discutent avec les résidents et leurs amis. Chacun a un exercice très varié et on m’a beaucoup aidée à imaginer ce que je voulais faire ».

« Il serait très difficile de faire cela seul. Je suggère d’opter pour une action communautaire, d’établir une relation avec l’Université de l’EMNO et d’amener le plus grand nombre de diplômées et diplômés possible. Créez un accueil chaleureux au sein de la communauté médicale et ce sera votre meilleur marketing. Les gens reviendront et passeront le mot » conclut Mme Stewart. 

La population du Nord de l’Ontario a la plus courte espérance de vie, enregistre le plus fort taux de dépendance aux opioïdes, de troubles mentaux, de cardiopathies, de cancer et de diabète de la province.Nous avons aussi une population vieillissante et beaucoup moins accès aux soins de santé que dans la plupart du Canada. De plus, un grand nombre de Premières Nations du grand nord et éloignées sont aux prises avec l’insécurité alimentaire, des avis permanents de faire bouillir l’eau et des taux élevés de maladies chroniques.

Au moyen de la recherche, de la défense des intérêts et de la mobilisation de fonds, l’Université de l’EMNO s’attaque à ce problème avec le gouvernement et le public.

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