Spécialisations collaboratives

Ce que c’est et pourquoi elles sont si importantes

Randy Msheekehn Trudeau, Jiiskewenini, Territoire non cédé de Wiikwemkoong; Marion Maar, Ph.D., professeure, Université de l’EMNO; Lorrilee McGregor, Ph.D., professeure adjointe en santé des Autochtones, Université de l’EMNO.

Le racisme en médecine, les pénuries de médecins et le manque d’accès à des services de santé en français alimentent un nouveau groupe d’étudiantes et étudiants en médecine, les futures médecins qui se feront un devoir d’améliorer les résultats pour la santé dans le Nord de l’Ontario.

En 2021, l’Université de l’EMNO a établi de nouvelles spécialisations concertées en santé des Autochtones et en généralisme rural et, en 2022, lancé un projet pilote pour la santé des francophones. Toutes ces spécialisations s’effectuent actuellement parallèlement au programme de médecine. Guidés par le corps professoral de l’Université de l’EMNO dans toute la région, ces programmes sont idéals pour la population étudiante en médecine qui s’intéresse aux soins des Autochtones et des francophones ainsi qu’à la médecine générale rurale et s’y engagent.

Ces spécialisations fournissent des occasions uniques d’apporter un complément à ce que les futurs médecins apprennent dans le programme d’études de l’Université de l’EMNO, et il est obligatoire de terminer les deux programmes pour obtenir le grade de médecin et un certificat de spécialisation.

Spécialisation collaborative en santé et bien-être des Autochtones

Il y a beaucoup de cultures, gens et communautés vibrants dans le Nord de l’Ontario et un bon nombre a aussi enseigné activement et accueilli des étudiantes et étudiants de l’Université de l’EMNO. Cependant, le racisme et les disparités en santé transparaissent dans une grande partie du système de santé au Canada.

Dans le Nord de l’Ontario, et partout dans le pays, les résultats pour la santé des Autochtones sont pires que chez les non-Autochtones. Les raisons en sont la situation socioéconomique, l’insécurité alimentaire, le manque d’accès à de l’eau potable, les effets intergénérationnels du système des pensionnats, les femmes et filles autochtones disparues et assassinées, la rafle des années soixante, et d’autres effets de la colonisation. Beaucoup d’Autochtones n’ont pas non plus accès à des services de santé respectueux de la culture, surtout dans les communautés du Nord éloignées et accessibles par voie aérienne seulement.

Out of Sight, un rapport d’enquête sur le décès de Brian Sinclair, 45 ans, détaille les failles systémiques à de nombreux niveaux. M. Sinclair, un membre d’une Première nation, a été ignoré pendant 34 heures à la salle d’urgence d’un hôpital à Winnipeg.

L’enquête a révélé que le personnel médical, en se basant sur des stéréotypes, a ignoré son urgence médicale et présumé à tort ses circonstances personnelles, y compris qu’il était ivre ou sans abri ou qu’il cherchait un endroit où dormir. M. Sinclair est par conséquent décédé dans son fauteuil roulant.

L’autopsie a montré qu’il avait une infection urinaire traitable quand il est arrivé à l’hôpital mais a succombé à la septicémie due à l’absence de traitement.

Depuis le décès de M. Sinclair il y a 14 ans, de nombreux récits semblables de racisme en médecine ont émergé dans le pays.

Afin d’améliorer les soins des patients autochtones, l’Université de l’EMNO a accueilli en septembre 2021 huit étudiants en première année de médecine dans un nouveau programme destiné aux Autochtones et non-Autochtones qui désirent suivre une formation supplémentaire sur la façon de prodiguer de bons soins aux patients autochtones. D’autres étudiantes et étudiants arriveront chaque automne. Cette spécialisation, la première du genre au Canada, vise à fournir aux Autochtones les soins dont ils ont besoin en se basant sur les enseignements autochtones en milieu communautaire pour améliorer la capacité de prodiguer des soins sûrs et compatissants.

Les étudiantes et étudiants suivent tous les cours obligatoires du programme de médecine et passent tous les mêmes examens. En outre, ils participent à des activités d’apprentissage par l’expérience et la participation axées sur les sujets suivants dans des milieux nordiques, ruraux et éloignés : 

  • Enseignements fondamentaux dans les connaissances autochtones et la guérison
  • Mentorat auprès de médecins autochtones et gardiens du savoir autochtone
  • Soins éclairés par le traumatisme 
  • Collaboration interprofessionnelle pour la santé des Autochtones
  • Défense des intérêts et leadership

Les gardiens du savoir, le corps professoral et la population étudiante commencent déjà à constituer une communauté d’exercice unie par sa passion pour la santé et le bien-être des Autochtones. Il est à espérer que les répercussions de cette spécialisation dépasseront celles de la formation des personnes directement concernées et pour leurs futurs patients, car elle aidera à améliorer les systèmes et à faire des diplômées et diplômés des chefs de file et des défenseurs des intérêts. 

Spécialisation collaborative en généralisme rural

La pénurie de médecins est immanquable dans les communautés du Nord de l’Ontario. Beaucoup de communautés rurales et éloignées peinent depuis longtemps à trouver et garder des médecins. Cette pénurie fait que les gens du Nord éprouvent davantage de difficulté à obtenir des soins primaires et d’autres services médicaux.

Consciente de la nécessité permanente de former efficacement une main-d’œuvre « adaptée à l’objectif » afin que les systèmes de santé ruraux ne soient plus fragiles mais florissants, l’Université de l’EMNO a récemment lancé le parcours de généraliste rural. La spécialisation collaborative fait partie de ce parcours durant la formation en médecine.

Cette spécialisation apporte des expériences d’apprentissage enrichies aux personnes qui désirent devenir médecins de famille généralistes ruraux. Au moyen du mentorat, du perfectionnement de compétences ciblées, de stages prioritaires dans des communautés rurales et de possibilités d’explorer la nature complexe et changeante de l’exercice en milieu rural, et ses influences, les futurs médecins apprendront ce qu’il faut pour être médecin de famille généraliste rural et s’y prépareront (des médecins qui prodiguent des soins primaires complets et travaillent dans des hôpitaux ruraux, des salles d’urgence et fournissent d’autres services améliorés).

Les exigences particulières pour les généralistes ruraux peuvent différer selon le contexte communautaire. Les diplômées et diplômés de la spécialisation collaborative en généralisme rural comprendront leur rôle dans les communautés et pourront s’adapter aux besoins communautaires changeants.

La clé pour devenir généraliste rural est de posséder un vaste champ d’exercice, d’excellentes compétences cliniques, l’humilité de travailler en fonction des besoins de la communauté et de les comprendre, et de chercher à collaborer. L’Université de l’EMNO met l’accent sur l’établissement de relations et sur l’apprentissage dans la communauté et les cadres cliniques où les diplômées et diplômés peuvent choisir un jour d’exercer.

Projet pilote du programme francophone

Le droit de se faire servir en français presque partout dans le Nord de l’Ontario est garanti dans la Loi sur les services en français. C’est en partie parce que les gens qui parlent une langue minoritaire doivent pouvoir communiquer aussi efficacement que possible avec les praticiens de la santé. L’incapacité de fournir et de recevoir des renseignements vitaux sur sa propre santé peut avoir des résultats dangereux et même mortels.

Les étudiantes et étudiants en médecine qui s’inscrivent au programme pilote de la Voie vers la médecine en français montrent leur engagement à améliorer les résultats pour la santé de toute la population franco-ontarienne.

Un apprentissage enrichi et des expériences qui soulignent l’importance d’offrir et de fournir des services de santé en français est offert tout au long des quatre années du programme de médecine.

Ce programme pilote, lancé en septembre 2022, intègre des expériences spéciales d’apprentissage qui contribueront à préserver et solidifier l’identité culturelle et linguistique de la population étudiante francophone et renforceront sa certitude de devenir des médecins francophones hautement compétents.

La Voie vers la médecine en français recensera également des membres francophones du corps professoral qui peuvent guider et offrir en permanence du mentorat à des étudiantes et étudiants en médecine de l’Université de l’EMNO dans toute la région. En parallèle, tant le corps professoral praticien que la population étudiante établiront un solide réseau de défense des intérêts et de leadership qui encouragera une approche durable des soins axés sur le patient et respectueux de la culture pour tous les francophones. Les participants à ce programme pilote cette année auront des interactions avec des patients, consigneront leur histoire, apprendront la terminologie médicale et participeront à des séances d’apprentissage en groupe, le tout en français.

À l’avenir, l’apprentissage et les expériences incluront :

  • du mentorat structuré avec des médecins francophones en exercice;
  • l’accès prioritaire à des stages cliniques dans des milieux francophones;
  • un accent accru sur la défense des intérêts des patients et communautés francophones pour relever leurs défis uniques dans le domaine des services de santé en français;
  • l’acquisition ciblée des compétences en leadership nécessaires pour comprendre et influencer les systèmes de santé;
  • davantage d’expériences d’apprentissage interprofessionnel, multiculturel et immersif en français dans des milieux urbains, ruraux et éloignés.

L’intégration de la Voie vers la médecine en français dans le programme d’études de médecine de l’Université de l’EMNO est une approche transformative de formation de médecins francophones. 

L’augmentation des ressources humaines francophones dans le domaine de la santé permettra également d’améliorer l’accès aux soins pour toute la population franco-ontarienne.

Renseignez-vous sur la raison pour laquelle le programme a été créé et pourquoi il a attiré quatre futurs diplômés de l’Université de l’EMNO.

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