L’épidémie à l’intérieur de la pandémie : La crise en santé mentale dans le Nord de l’Ontario

L’épidémie à l’intérieur de la pandémie : La crise en santé mentale dans le Nord de l'Ontario
La pandémie continue d’amplifier la pénurie critique de fournisseurs de services de santé mentale dans le Nord de l’Ontario. On estime actuellement qu’il manque 40 psychiatres dans le Nord de l’Ontario. Étant donné que le nombre de patients en santé mentale augmente pendant la pandémie, l’EMNO se tourne vers des approches et des modèles d’exercice novateurs pour répondre à leurs besoins. 

Bien avant la pandémie, l’Association canadienne pour la santé mentale a signalé que la population du Nord de l’Ontario affiche des taux de dépression supérieurs. Cette population est confrontée à de multiples disparités en matière de santé, qui sont de plus en plus aiguës dans le domaine de la santé mentale. Elles sont évitables, mais elles sont liées à des inégalités sociales systémiques et font partie d’une pénurie de longue date de services de santé et de praticiens de la santé.

De même, avant la pandémie, selon Statistique Canada, le taux de suicide chez les jeunes Autochtones était six fois plus élevé que chez les non-Autochtones; des estimations qui devraient d’ailleurs augmenter. Le tableau déjà fragile de la santé mentale n’a fait qu’empirer en raison des défis posés par la pandémie. Le Canada était déjà au coeur d’une crise dans ce domaine avant l’apparition de la COVID-19. La pandémie l’a amplifié et aggravé et souligné à quel point la promotion de la santé mentale et les soins sont essentiels à notre bien-être général.

La prestation de soins de santé mentale essentiels et en temps opportun avec des ressources extrêmement limitées exige une approche créative et transformatrice. Le St. Joseph’s Care Group (SJCG) de Thunder Bay y voit une occasion de renforcer son modèle de soins dispensés en collaboration, un « modèle de soins de santé mentale conçu pour améliorer l’accès et réduire les temps d’attente pour les services spécialisés en santé mentale. Le modèle, qui place les clients au centre de leurs soins, a été élaboré en partenariat avec des médecins de famille et des équipes locales de santé familiale » rapporte le SJCG.

Le Dr Jack Haggarty, président de la Section de psychiatrie de l’EMNO, exerce à Thunder Bay et est directeur médical principal (chef) de la psychiatrie au St. Joseph’s Care Group. Lui et les Drs Katalin Gyomorey, Katie Anderson et Paul Mulzer sont des psychiatres consultants qui fournissent des soins en collaboration dans des endroits comme la Fort William Clinic, l’Anishnawbe Mushkiki et Norwest Clinic et plusieurs autres, qui desservent plus de 30 médecins de famille et infirmières et infirmiers praticiens et 40 000 patients.

Ce modèle de soins collaboratifs à Thunder Bay et dans le district continue de contribuer à la recherche. Les constatations antérieures montrent que le fonctionnement mental et physique des patients bénéficiant de soins dispensés en collaboration s’améliore beaucoup et de manière continue, et révèlent que ce modèle apporte un meilleur accès aux soins et une diminution de la demande de services de santé mentale ainsi qu’une réduction des temps d’attente.

Selon le SJCG, les soins collaboratifs améliorent l’accès à la psychiatrie qui commence par la consultation des médecins de famille, ce qui allège la charge du système de soins de santé mentale tout en améliorant la capacité du personnel de soins primaires de fournir des services de santé mentale à leurs patients. Pour leur part, les fournisseurs de soins primaires bénéficient d’un accès rapide aux consultations, aux services directs et indirects et à la formation offerte par un psychiatre et du personnel infirmier en santé mentale. Grâce à ce travail avec les médecins de famille, plusieurs voies directes améliorent l’accès aux services de santé mentale, y compris les aiguillages externes.

Au début de la pandémie, la Sioux Lookout First Nations Authority a invité le SJCG à améliorer l’accès à la psychiatrie en utilisant des liaisons vidéo du RTO.

C’est un modèle qui cadre bien avec la réponse à la pandémie mise en évidence dans les Innovations en santé mentale et en traitement des dépendances dans le Nord – COVID-19 rapportées par le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CTSM) : « Les fournisseurs de services de santé mentale et de traitement des dépendances du Nord ont riposté à la pandémie en proposant des voies inédites et de nouvelles options de service, en s’efforçant de surmonter les obstacles de concert avec les partenaires communautaires et en trouvant des moyens d’établir et de préserver des relations avec les clients et les patients. » Le recours accru aux soins virtuels, associé à des approches collaboratives coordonnées, y contribue.

La Dre Zoe Michano-Furlotte, diplômée de l’EMNO (MD 2016) qui entame sa dernière année de résidence en psychiatrie à Thunder Bay, souligne que la province doit augmenter le financement et les soins psychiatriques. Il faut aussi augmenter les services en clinique externe et la liaison avec les patients des communautés rurales et éloignées.

Les gens sont plus isolés que jamais et les confinements, l’annulation des programmes, la fermeture des bâtiments publics et l’épuisement du personnel ont entravé l’accès aux services de santé mentale. L’accès limité aux thérapies et aux centres de traitement a entraîné des cas de syndrome de sevrage dans certaines communautés en confinement et une augmentation du nombre et de la gravité des incidents violents dans d’autres.

Nous sommes confrontés à une double pandémie : la crise des opioïdes et la COVID-19. Les équipes de bien-être mental et les centres de traitement (des dépendances) ont déjà réorienté leurs services vers des plates-formes virtuelles, mais une connectivité et une accessibilité médiocres à la technologie, ainsi que la capacité limitée de la main-d’oeuvre d’offrir des services fiables et culturellement pertinents ont entravé cette opération. Les investissements dans la connectivité, les infrastructures, la technologie, l’accès durable aux soins virtuels et les ressources humaines doivent se faire immédiatement. L’EMNO plaide pour que l’on remédie à ces iniquités.

La Dre Verma a parlé de l’augmentation des problèmes de santé mentale pendant la pandémie et indiqué qu’un soutien accru est nécessaire dans le Nord de l’Ontario. Écoutez l’intégralité du reportage et du débat d’experts sur le site de CP24 News.

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